qui ... bof


J'avais pleins d'idées en tête. C'est les vacances, j'ai du temps. 

Mais voilà, on n'est jamais à l'abri d'un "accident".





Quand on a vécu d'une certaine façon pendant 30 ans, il n'est pas facile de montrer aux autres que vous avez changé.
J'aurais aimé que mes proches comprennent ce que ma maladie impliquait.
En me posant des questions, ou en se renseignant, il est simple d'entrapercevoir les conséquences sur ma vie. 


Que durant trente ans, toutes mes émotions ont été contrôlés par quelque chose d'autre que moi.
Que durant trente ans, mon comportement ne réagissait pas de façon normal face aux aléas de la vie.
Que durant trente ans, mes pensées et mes actes ont été dirigés par un cerveau malade.

Aujourd'hui, et depuis seulement 8 mois, je vis de façon stable.
Je contrôle et vis mes émotions pleinement mais sans excès.
Je ris de bon coeur et non plus parce qu'il faut rire.
Je ne pleure presque plus.
Je ne suis plus en colère sans raison.


On peut avoir du mal à imaginer les conséquences de cette stabilisation.
Je n'ai plus beaucoup confiance en moi. Comment avoir confiance alors que je ne sais pas vraiment qui je suis ?
Alors, en plus de découvrir peu à peu qui je suis, être quelqu'un et plus une bombe pleine d'émotions prête à exploser, ma famille revit elle aussi.

Ce bien être est à double tranchant. Très souvent, en les voyant aussi heureux maintenant, je me demande comment ai je pu les faire souffrir autant ? Comment font-ils pour m'aimer encore ?
La culpabilité est inhérente à ma maladie, et ne disparaîtra pas, même avec le meilleur traitement du monde.

L'hypersensibilité non plus.
Alors ces petites phrases, dites sans arrières pensées, me blessent - un peu plus - que les autres. 

Ben oui, avant j'étais trop. Trop sûre de moi, trop contente, trop en colère, trop triste, trop tout ! C'est limite la définition même de la bipolarité !

Et lorsqu'on me parle de mon comportement "d'avant", je n'assume pas encore.
Je ne suis pas encore capable de dire : oui je sais mais j'étais malade. C'est la réalité (pas une excuse ou un dédouanement quelque conque) et pourtant je n'ose pas le dire.

J'ai changé. Enfin non, je suis stabilisée. Donc je ne suis plus trop. Je suis ... tout court.

Les premières réactions, à l'annonce de ma maladie, ne m'ont fait ni chaud ni froid. Quand on ne connait pas, on réagit parfois bizarrement. Mais, depuis, je n'en ai pas eu d'autre.

Je dois déjà me battre tous les jours contre moi. Avoir la compréhension de ses proches serait un plus ...

Et c'est là qu'on ressent aussi l'enfermement.

Cette méconnaissance fait qu'ils me blessent, sans le vouloir.
Et qu'aujourd'hui, au lieu d'écrire un billet sur Madonna / Le Pen ou sur mon chien, je fais couler les mots pour échapper aux larmes.
Parce qu'aujourd'hui je contrôle mes émotions, mais putain ça fait mal quand même !

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