qui ne savent pas parler politique



Mon père était un militant socialiste de la première heure. 








Je n'ai pas beaucoup de souvenirs d'enfance, mais dans ma mémoire il y a l'armoire de la grand mère remplie d'affiche de Mitterrand et l'effervescence pour la campagne de 1981, et une étrange impression après : une espèce de repos bien mérité mélangé à de la joie.

Il s'amusait à choquer ou plutôt à remuer un peu les gens autour de lui. Il a été le premier à porter une chemise rose à l'usine. A plus de 50 ans, il s'est fait percé l'oreille pour porter un anneau. 

Je l'ai dit je n'ai pas beaucoup de souvenirs, et je ne sais plus quand il a rejoint J.P. Chevènement, mais je me souviens qu'il a milité pour le non au moment du référendum du traité de Maastricht.
Il a toujours été très actif politiquement, il a toujours cru que l'on pouvait faire bouger les choses, et j'ai été élevé dans ce contexte.

Quand il rentrait du travail et que ça n'allait pas, il se renfermait dans sa bulle : soit il allait au jardin, soit il retapait la maison qu'il refaisait pièce par pièce.

On ne se parlait pas. Quand il arrivait que l'on se parle, on finissait par se hurler dessus. Je le détestais. Dans sa famille, il pouvait commettre des actes vraiment détestables, dans la société c'était un autre homme. 
Il était malade, je l'ai appris bien plus tard.

Il était réputé pour avoir un humour corrosif, pour s'énerver rapidement et pour toujours répondre présent quand les autres avaient besoin.

Malgré un semblant d'entente entre nous (moi adulte et partie de la maison), on ne sait jamais vraiment dit les choses, l'hypocrisie et les secrets familiaux étant de rigueur. Nous n'avons jamais fait un pas vers l'autre pour se demander pardon des mots prononcés quand on s'engueulait, et pourtant encore si douloureux.  

J'ai hérité beaucoup plus que je ne l'aurai voulu. Et j'ai compris il n'y a pas longtemps que ce n'était pas qu'un fardeau.

Comme lui, j'ai tendance à m'énerver très facilement.
Comme lui, ce pas vers l'autre, j'ai dû mal à le faire car trop timide, trop fière, trop orgueilleuse selon la situation.
Comme lui, je m'isole facilement.
Comme lui, je suis bipolaire

Mais 
Je crois toujours qu'il faut se battre pour ses idées.
Je suis toujours là si un de mes amis est dans le besoin.
J'ai décidé il y a peu de m'engager politiquement.
Je comprends mieux qui il était. 

J'ose l'avouer, il me manque.

Commentaires

  1. C'est amusant, je parlais aussi de mon père dans un billet, hier.

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  2. Réponses
    1. Merci. Cela me touche d'autant plus que je ne suis absolument pas démonstrative quand il s'agit de mes sentiments.

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  3. Je plussoie.....le mien aussi me manque.
    Et j ai bien reconnu Gaby dans ta description...

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