Qui passent la main (ou presque)

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Voilà c'est fait !






Lundi, j'ai emmené mon amie chez le psychiatre, dans un autre département, une heure de route ...
J'avoue que j'avais une boule au ventre. Elle aussi, mais d'autres raisons.
J'étais angoissée de ne pas tomber sur quelqu'un de compétent. Et si ça avait été le cas, je ne sais pas ce que j'aurais fait. Je commence à être démunie, et fatiguée aussi.

Mais dès que je lui ai expliqué la situation (elle m'avait demandé de le faire), et que c'était le Dr Hantouche qui m'avait donné son nom, j'ai été rassuré.
Simplement parce qu'il a dit que malgré le fait que le Dr Hantouche était plus jeune que lui, il lui avait appris beaucoup de choses. Et qu'ensemble il regrettait l'incompétence de certains ...

C'est la deuxième fois que j'entends un psy dire qu'il a appris quelque chose durant sa carrière. Le premier c'est le psychologue que je consultais il y a un an, quand je lui ai parlé de bipolarité.
Les autres étaient tellement imbus de leur personne, tellement suffisants, croyant tout savoir que je ne les ai jamais vu tenir compte de ce que je leur disais !

J'ai été rassuré aussi quand il a dit qu'il ne fallait jamais (ou quasi jamais) donner d'anti-dépresseurs à un bipolaire !

Il était calme, rassurant et souriant ! Après avoir écouté mon amie, il lui a demandé de quel droit les autres avaient pu lui dire qu'elle n'était pas bipolaire !
Et oui ! De quel droit ? L'incompétence... Je commence à considérer qu'il y a non assistance à personne en danger.
Je l'ai soutenu à bout de bras, pour qu'elle est un peu la tête hors de l'eau, alors qu'elle me répétait qu'elle voulait se foutre en l'air. 
Et si je n'avais pas été là ?

Il a pris le temps de lui expliquer la maladie, de lui faire comprendre que c'était une maladie comme le diabète ou l'hypertension. Pas facile à accepter, même moi, j'ai encore du mal.
Mais il a raison, comme pour le diabète qui est une anomalie de synthèse ou de l'action de l'insuline, la bipolarité est une anomalie de la gestion des humeurs. 
Il nous manque l'onduleur qui nous permettrai de moduler la source de nos émotions !

Elle le revoit dans 15 jours. En attendant, elle a un traitement, mais qu'il faut prendre par palier pour éviter les réactions allergiques. Le début d'un bien être va se faire attendre.

Dans la voiture, elle m'a dit qu'elle allait aller chez le coiffeur, et qu'elle allait essayer de retourner marcher un peu (c'est une sportive en temps normal) ! 
Bizarrement, ce n'est qu'à ce moment là, que j'ai senti ma boule de stress partir. Pour la première fois depuis une semaine, elle me parlait de quelque chose de positif et de concret !

Elle m'a demandé de venir en parler à ses enfants et à son compagnon, elle ne s'en sentait pas capable. C'est un progrès, puisqu'elle a eu un premier diagnostic il y a plusieurs mois de cela, et elle n'en avait jamais parlé.

J'ai donc été chez elle pour expliquer la situation. Et surtout qu'elle a besoin de beaucoup de repos, elle est à la limite de l'hospitalisation. Ses enfants ont été, je crois, assez réceptifs. Gots et Lili Coquelicot étaient là, et ont aussi parlé du rôle de l'accompagnant et la difficulté de vivre avec une personne bipolaire.
Son compagnon, même s'il m'a écouté et à écouter Gots, n'a pas compris ... Ce qui fait qu'elle m'a renvoyé des messages, le lendemain ...

Je sais que je ne vais pas pouvoir l'aider bien longtemps. Je suis épuisée.
Pendant une semaine (qui m'a paru bien longue !), j'ai répondu présente, le jour comme la nuit. Je n'ai rien fait d'autre, ma vie s'est arrêtée. Répondant à ses messages, sans jamais la plaindre, toujours en essayant de lui expliquer, en tentant de lui donner un espoir.

Mais cela m'a renvoyé à ma propre condition, je me suis revue dans cet état. Comment ai je pu oublié ? C'était il n'y a pas si longtemps, 3 ans tout au plus. Je ne sais plus ... Toute cette période est floue et je confonds les événements, je n'arrive pas à les placer chronologiquement ...

Mais ça a duré longtemps, entre les essais de traitements par mon psy incompétent, dont un qui m'a totalement shooté (mes amis m'en parlent encore !), mon passage en clinique, et le temps où j'ai végété un peu au dessus car j'avais réussi à me faire prescrire un des médicaments qu'il me fallait !!

Toutes ces années où j'ai (heureusement ?) été plus en haut qu'en bas. 
Mais les bas, je m'en souviens bien. L'impression que l'on devient folle, à la suite de mon accouchement, parce qu'on n'arrive pas à supporter son enfant, son mari. 
Parce qu'on commence à faire des choses bizarres, qu'on se voit les faire, comme si on était une autre, mais on ne peut pas arrêter de les faire. 
Pleurer, tout le temps. 
Le bonheur, le sourire, la joie, le rire ne font plus partie de votre vocabulaire, de votre vie. Jamais plus vous ne ressentirez la moindre émotion positive. 
Vous êtes le néant, un trou noir, qui fait disparaître les belles choses et qui se nourrit de la tristesse. 
Les ombres vous entourent et peu à peu vous ne voyez plus qu'elles. 
Les êtres vivants ont disparus. 
Vous êtes morte à l'intérieur, alors la mort physique n'est qu'une formalité ...

Je ne peux pas me mettre en danger, je ne peux pas mettre en péril ma stabilisation. Et le stress et la fatigue de la situation sont des déclencheurs. 

Comment dire à quelqu'un que vous avez fait votre possible, alors qu'elle a encore besoin de vous ?
Je suis capable de donner tout ce que j'ai, de faire des choses folles pour les autres, mais je ne peux pas sacrifier mon propre bonheur.

Il faut que je passe la main, mais à qui ?

Commentaires

  1. Il est bien beau ton billet !
    Je ne sais quoi te répondre... il n'existe pas de permanence telephonique du gene SOS amitié pour les bipolaires?
    J'ai aussi surtout l'impression que ton amie aurait moins besoin de toi si son compagnon acceptait et comprenait la situation. J'espère qu'il va vite réagir...

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    1. Merci !

      Pour son compagnon, tu as tout à fait raison, mais j'ai bien peur que ce ne soit pas gagné (voir perdu d'avance). La situation est bien plus compliquée, mais je ne peux pas tout dire, et je crois que le mieux pour elle, ce serait une hospitalisation (qu'elle refuse car il ne veut pas ...)

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  2. Beau billet effectivement.
    Je t'imaginais bien comme ça, aidant les autres. Bravo, mais n'oublie pas de penser aussi à toi.
    Bises.

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    1. Merci.
      Je vais essayer de la convaincre de se faire hospitaliser. J'ai bien réussi à l'emmener voir ce psy, alors qu'elle refusait. Je crois que je n'ai plus le choix. Pour elle comme pour moi.

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