Qui aident mais ...

Dessin d'une bipolaire en art thérapie






Je suis fatiguée, épuisée.







Je le ressens. 

Je crie plus facilement. Je dors moins bien ou à l'aide de somnifères. Je prends moins de temps pour moi ou pour ma famille.

J'ai passé ces dernières semaines à courir pour faire le strict nécessaire pour faire vivre ma famille, et le reste du temps à tenir, toujours à bout de bras, mon amie pour ne pas qu'elle coule.

En fait d'amie, ce n'est qu'une femme que j'ai rencontré au détour d'un chemin, un matin, en partant de l'école.
Je ne la connais que depuis quelques mois, nous n'avons pas du tout les mêmes idées sur beaucoup de choses, et pourtant une chose nous réunit.
Une chose terrible, envahissante, avilissante.

Elle est si proche du gouffre que ça en donne le vertige.
Elle a eu une vie si difficile jusqu'à présent que je ne suis pas sure que d'autres auraient survécu à de tels événements.

Je l'ai forcé à accepter mon aide. Elle est tellement habituée à s'en sortir seule, à n'avoir personne sur qui compter qu'elle n'arrive pas à lâcher prise.
Elle est entourée que de personne qui ne comprennent pas, qui ne cherchent qu'à profiter, qu'à lui nuire. Et j'arrive là dedans en lui promettant que la vie peut être belle.

Je lui ai parlé. Mais dans son état, elle n'entend pas grand chose.
Je l'ai écouté et regardé pleurer pendant des heures. Et toutes ces paroles et ces larmes m'ont plongé dans mon propre passé. Comme plaquée au mur par mes souvenirs.

Effrayée par sa descente, et la peur qu'elle m’entraîne dans sa chute.

Elle est partie, depuis samedi, dans sa famille, loin de tous ces problèmes. Ce n'est pas en fuyant que tout s'arrange, ça permet juste de souffler.
Mais pour cela, il a fallu que je prennes en charge son quotidien, en plus du mien, pour qu'elle arrête de s'inquiéter, et qu'elle parte l'esprit un peu plus tranquille.
Je pensais me reposer pendant son absence, en fait je doute que cela soit vraiment possible.

Encore une fois, je ne sais pas combien de temps je tiendrais.
Et je suis confrontée à l'incompréhension (voir à la négation totale) de ses proches, mais aussi à la débilité du corps médical. Encore et toujours !

Son médecin traitant lui a conseillé d'arrêter son traitement, qu'elle pouvait s'en sortir sans ça, qu'il avait déjà vu dans de tels états et qu'elle s'en était toujours sortie, qu'elle était d'une nature anxieuse ...
Bien sûr il a aussi joué sur la corde sensible, car elle est enceinte, et lui a dit que son traitement pouvait être dangereux pour le bébé !

Merde ! On est déjà obligé de faire deux heures de route pour trouver un psy compétent, en plus du fait qu'elle soit enceinte, elle ne pourra pas avoir un traitement performant tout de suite, il faut que je me battes contre les cons pour qu'elle le prenne !

Je me demande si je ne vais pas prendre rendez vous chez ce médecin pour lui dire ma façon de penser !
En tout cas, je réfléchis de plus en plus à des actions possibles à mener pour informer, faire bouger les consciences berruyères, et me mettre à dos tous les psys du département !!

Commentaires

  1. Quand je lis ton billet, je me dis que tu es d'une générosité et d'un courage qui est admirable...
    Ne t'épuise pas quand même.

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    1. Merci, ça me touche énormément, et me donne un peu plus de courage. Je ne sais pas comment me sortir de cette situation : il n'y a personne pour prendre le relais, je ne peux pas la laisser mais je sais, effectivement, que je suis fatiguée ...

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  2. Courage. À vous deux.
    Je suis d'accord avec Amy. Il faut pouvoir endurer le malheur des autres sans que ça te ronge.
    Ça va s'arranger non?
    Pensez à l'après...

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    1. J'espère que ça va s'arranger mais comme je le dis, le fait qu'elle soit enceinte ne donne pas la possibilité de mettre en place un traitement totalement efficace. Et comme un problème ne vient jamais seul, elle n'a pas que la maladie à gérer, loin de là ...
      Mais j'ai l'espoir : y a pas de raison !

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