Qui reviennent sur le passé

Quand on me contacte pour un projet de chronique sur un blog.



Au mois de février, j'ai répondu à une "annonce" sur Google, de la part d'une chargée des stratégies des médias sociaux et relations presse au sein d'une agence.
Après quelques échanges de mails, j'ai trouvé le projet intéressant et on m'a demandé de proposer un texte qui pourrait servir de chronique pour présenter mon blog.

Mais je n'ai pas eu de nouvelles (sympa ...) Bref, je me suis dit que ce serait quand même bien de vous faire lire ce texte.
Alors le voici. N'oubliez pas qu'il a été écrit il y a 6 mois, pour présenter mon blog, mais l'histoire est vraie.

La vie est étrange parfois. On parle de signes, d’autres diront le destin. Je ne sais pas et j’avoue que je m’en fous un peu !

Il y a 3 jours, j’ai rencontré une femme. On a commencé à discuter de tout et de rien, je m’étais arrêtée parce que je m’intéressais à son chien !
De fil en aiguille, nous sommes restées toute la matinée ensemble !

J’ai une tête qui doit inspirer confiance, parce que les gens n’hésitent pas à me parler. On en arrive à parler psy, car elle consultait. Je lui dis que je connais bien le milieu, que je suis bipolaire*.
Elle m’a regardé dans les yeux, j’ai senti que je l’avais surprise. Mais pas cette surprise négative due à la méconnaissance.
« - C’est vrai ?! On m’a diagnostiqué maniaco-dépressive, enfin bipolaire, il y a 2 mois »

J’ai vu la peur dans ses yeux. La même qu’il y avait sûrement dans les miens il y a 9 ans.
Mais après, j’ai vu le soulagement. Elle n’était plus seule …
J’aurais aimé trouver quelqu’un qui connaisse la maladie il y a 9 ans. Cela m’aurait évité toute cette perte de temps !

Cette histoire m’a remis en tête pourquoi j’avais ouvert un blog. Je voulais parler de bipolarité et de haut potentiel (je cumule !).
Deux sujets sur lesquels courent de nombreuses rumeurs, de fausses informations. Les gens ont des a priori et des préjugés et surtout, et c'est là le pire, pour lesquels nombreux spécialistes sont incompétents !

Je pensais être un lien entre le lecteur et les bonnes informations. Je ne suis pas une experte mais ce que je sais, je le tiens de sources sûres !

Faire tomber les préjugés :
- Non je ne suis ni folle ni un génie. J’ai des troubles de l’humeur et je réfléchis différemment.
- Oui on peut vivre « normalement » (mais où est la normalité ?) en étant bipolaire et être nulle en maths en ayant un QI supérieur à la moyenne !

Bien sûr je vous la fais courte, et c’est plus compliqué qu’il n’y parait. Mais si je peux aider des gens (comme je l’ai fait avec cette femme) à mieux comprendre ou à avoir les bonnes informations, mon action aura été utile.

Quand on apprend que l’on est bipolaire, on a l’impression que cela définit tout notre être, que nous ne sommes QUE bipolaire.
Est-ce que je fais ça parce que j’aime vraiment ça ou bien est-ce la maladie qui se manifeste ?
On ne sait pas où est le juste milieu, car on a toujours été en haut ou en bas.

Cette maladie prend toute la place. Avant (la stabilisation) car nos actions et nos pensées sont totalement guidées par la maladie. Après car il faut (ré) apprendre qui nous sommes.
Mais peu à peu j’y arrive. J’apprends à me définir comme une femme avec beaucoup d’expériences et d’essayer d’en tirer le positif.

J’essaie de tout faire pour ne plus être seulement une femme bipolaire, mais une femme ayant des troubles bipolaires. La nuance peut paraître faible mais elle est importante.
A raconter mes bêtises, mes péripéties, mes coups de gueule sur mon blog, les quelques commentaires me font progresser dans cette voie.
Le contrat est gagnant-gagnant : je peux aider et les autres m’aident !

Et  il y a de nombreuses choses qui me tiennent à cœur. J’ai toujours un billet en tête, et je manque parfois de temps (d’organisation peut être aussi !). Mais cela fait maintenant presque un an que je me suis lancée dans cette aventure, je ne le regrette pas et j’espère continuer longtemps !


*La bipolarité se définit comme un trouble de l’humeur qui fait alterner les hauts et les bas, un peu comme les montagnes russes de façon cyclique et récurrente. Elle se compose d’une phase maniaque ou hypomaniaque et d’une phase dépressive.
Mais il existe dans le spectre bipolaire, la cyclothymie. Mal connue, elle peut comporter que des épisodes dépressifs (on considère que 40% des dépressifs chroniques sont en fait dépressifs bipolaires)
Pour résumé :
Type I : épisodes maniaques et dépressifs, avec ou non d’intervalles libres
Type II : épisodes hypomaniaques et dépressifs, avec ou non d’intervalles libres

Cyclothymie : humeur instable, parfois changeant minutes par minutes. Euphorie et dépression mais c’est souvent l’état dépressif qui prédomine. Elle a des formes très diverses, et s’accompagne de co-morbidités (addictions, troubles alimentaires, troubles anxieux, TOC, automutilation …)

Pourquoi je vous raconte tout ça aujourd'hui ? Et bien parce que cette femme dont je parle, je la vois toujours, et presque tous les jours. Et malgré tout ce que j'ai pu faire ou dire, elle a dû mal à s'en sortir.

Elle est en pleine dépression, dans une très grande détresse. Je connais bien cet état, j'y étais il y n'y pas si longtemps, et pourtant j'ai l'impression que c'était il y a une éternité.
Et je sais qu'il y a parfois des dépressions qui vous apparaissent comme la dernière. Parce que la souffrance est si forte qu'on sait qu'on ne pourra plus en supporter davantage.

Je crois, je sens qu'elle est dans cette phase, et j'ai peur pour elle. Elle a eu beaucoup de mal à accepter sa maladie, se croyant folle. Maintenant qu'elle demande une aide médicale, elle n'a personne pour la soigner correctement. 
Cette femme souffre, et c'est peu dire, et aucun médecin dans notre département n'est capable de lui apporter ce pourquoi il est sensé être compétent ! Mon médecin à Paris ne peut plus prendre de nouveaux patients pour le moment ...

Ma révolte et mon indignation n'ont pas de limite. Je fais ce que je peux, mais je sais trop bien qu'un jour pas fait comme un autre peut tout faire basculer, et faire 4 orphelins ...

Commentaires

  1. Cette femme a une chance: t'avoir comme soutien. Traverser la maladie est plus facile quand on peut se confier à quelqu'un qui la connait. Tu lui sers d'exemple.

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    1. J'espère ! Vraiment. Et aussi être assez solide pour elle ...

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  2. J’espère que cette personne s'en sortira comme toi de cette maladie..

    La phrase qui me plait beaucoup dans ton billet.

    -"J’ai une tête qui doit inspirer confiance, parce que les gens n’hésitent pas à me parler".

    Si tu savais à quel point!!!!!!!!!

    Bises, pleins.

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    1. Ouais : ils n'hésitent pas à me parler mais comme je suis une pipelette, ils n'arrivent pas à en placer une !!!
      Bises à toi aussi

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  3. C'est bien, ce que tu fais.
    Où en est-elle aujourd'hui ?

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    1. Je raconte la suite dans le billet suivant. Mais en gros, elle est en pleine dépression et a du mal, pour différentes raisons, à se faire soigner. Mais lundi elle a rendez vous chez un psy ...

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    2. La difficulté, c'est de trouver un soignant sérieux et surtout d'accepter d'être différent de ceux qui ont une humeur linéaire. Même si la psychanalyse n'est
      pas "la" solution, j'y ai trouvé une aide et aussi dans les psychothérapies de soutien.
      Faut dire que j'ai tâtonné si longtemps !!!
      Merci.

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    3. Ah ! Le saint graal du bon psy !!!! J'espère que celui qu'on m'a conseillé sera le bon, sinon je pense que la prochaine étape pour elle sera la clinique.
      Je sais que j'ai besoin d'une psychothérapie (comportementale) mais là encore c'est le désert niveau professionnel !
      Et je dois avouer que je ne suis pas sure d'accepter totalement de ne pas être "comme tout le monde" !
      Bref, je crois qu'il y a des billets de blog en perspective !

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