Qui continuent de raconter


Si vous suivez un peu ce blog, vous avez remarqué que j'ai commencé à écrire des choses très personnelles. 

Et bien je crois que je vais continuer.


Les traumatismes subis font partis des facteurs déclencheurs de la bipolarité.
En effet, cette maladie est en partie génétique (mon père) et en partie environnementale. Et d'autres trucs mais je vous passe le cours théorique. Si vraiment vous voulez savoir, il y a le lien vers le CTAH.
Le traumatisme n'est pas forcément de grand ampleur, cela peut être un simple déménagement parfois. 
Et quand j'ai enfin trouvé un psy compétent, on a retracé mon parcours et découvert que j'étais atteinte depuis l'enfance.

En fait, mon comportement a commencé à changer après le déménagement de mes parents, j'avais 7 ans. Je crois que pour mon père aussi, mais je ne m'en souviens pas exactement.
J'ai des souvenirs flous d'un père passant ses journées dans son lit à fumer des gauloises brunes, donc en pleine dépression. Et un autre fois, où nous avons été le voir dans une maison de repos.

Pour moi, ça a été le début de la boulimie, des vols dans le porte monnaie de ma mère pour m'acheter des trucs à la boulangerie, de la bouffe piquée dans les placards. J'ai commencé à me détester : pour ce que je faisais, pour ce que je devenais : grosse.

Peu à peu, avec l'adolescence, mon comportement est devenu parfois instable.
Je pouvais partir dans des rages impressionnantes. Je me souviens avoir frappé à coups de pieds, un gars au collège, alors qu'il était à terre. On s'était simplement disputé.
Je changeais d'avis, ou plutôt de comportement. C'est difficile à expliquer comme sensation. Par exemple, je ne voulais pas sortir, j'étais déprimée. Et puis au dernier moment, je rejoignais mes amis, et je bousillais la soirée avec un comportement extravagant.

Au lycée (j'étais interne), j'ai commencé deux choses, en plus de tout le reste :
A prendre des anxiolytiques, et à coucher avec des garçons peu fréquentables. Surement pour avoir la sensation d'être aimer (moi et mon corps) par quelqu'un. Même si je savais très bien, au fond de moi, que tout était faux.

Avec certains garçons, il y a même eu une certaine forme de soumission, de chantage. Je me rabaissais constamment, pensant ne rien mériter de bien dans ma vie. Ou plutôt, j'acceptais docilement d'être prise pour une merde, puisque je ne pensais pas mériter mieux.
Bien entendu, tout se sait dans un internat. Et notre société n'a pas vu ma conduite comme une forme de liberté sexuelle (ce qui aurait pu être le cas), mais comme un comportement de salope de ma part.
C'est donc moi qui a été visé par les railleries, les critiques, les moqueries ... Jamais les garçons !


Bien sûr, d'habitude, quand je parle de ces années là, je ne raconte que les bons souvenirs. Et je dois dire qu'il y en a eu. Par rapport à d'autres, l'internat est une partie de ma vie qui réunit de nombreux bons moments. J'y ai fait de belles bêtises (aller voler le vin des profs dans les cuisines !), de belles rencontres (mes témoins de mariage), et j'essaie toujours de me concentrer là dessus quand je repense à cette période.


Première année de fac, joints et alcool ! Ce que je reprochais à mon père, je le devenais. Ce que mon père avait prédit, je le devenais. Insensible, alcoolique violente, n'allant pas en cours, foutant sa vie en l'air ...

Depuis quelques mois, les souvenirs du passé avec mon frère refaisaient surface. Je ne voulais pas croire que c'était la réalité. Ça me rongeait de l'intérieur. J'ai fait une première tentative de suicide. Médicaments.
Quand je suis sortie de l'espèce de coma dans lequel j'étais tombée (2 jours je crois), j'ai téléphoné chez moi. Cela faisait des mois que je n'avais pas parlé à mon père. Je ne me souviens plus ce que je lui ai dit, mais il est venu me chercher.
Je ne sais plus si je lui ai parlé dans le voiture (je crois lui avoir dit qu'il n'était pas coupable ou responsable), mais je me souviens que l'ambiance n'était pas pesante. J'ai sentie de l'inquiétude, et peut être de la compassion ou quelque chose comme ça. 
Ça n'a pas été le cas de ma mère, infirmière de métier, qui après avoir regardé dans le Vidal les médicaments que j'avais pris, m'a dit que de toute façon, avec ça, je ne pouvais pas mourir !

Je suis retournée à la fac !


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