Et maintenant, je fais quoi ?



"Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort". C'est faux.
Ça nous ronge de l'intérieur. Ça nous empêche. Ça aspire notre âme. Peu à peu.
Sans qu'on s'en aperçoive. Et même quand on essaie de faire quelque chose, la plupart du temps, il est trop tard.

Je suis de celles : le nom de ce blog. Parce que j'aime la chanson de Bénabar. Le thème de cette chanson, une jeune fille qui aime trop les garçons parce qu'elle a besoin d'amour. Elle était perdue, son mari l'a trouvée. J'ai été, à un moment de ma vie, un peu cette jeune fille.
Mais je suis toujours perdue. 
Je suis toujours cette petite fille à qui il est arrivé quelque chose de terrible. Et ça ne l'a pas rendu plus forte !

J'ai été, je suis, comme la marionnette de ce quelque chose. Toute mon existence a été manipulé par l'ombre de ce traumatisme.
Alors oui, c'est de la résilience. Si je n'avais pas agi ainsi, je n'aurais peut être pas vécu du tout.
Mais en prendre conscience donne l'impression que votre vie vous échappe, encore. Même si vous l'avez fait pour ne pas souffrir. Pour survivre.
Et maintenant toute cette colère, j'en fais quoi ? 

J'ai construit de telles barrières qu'il est impossible de les ouvrir pour laisser échapper le mal.
Je me suis parée d'une armure si protectrice que mon propre corps n'est plus qu'une notion abstraite, inexistant. 
Je me suis épuisée à bâtir les fondations de ma vie sur des sables mouvants en pensant que je ne méritais pas mieux.  
Je m'en suis convaincue. 
Et pourtant pour aller mieux, on me demande de lâcher prise. D'entrebâiller la barrière, de fissurer l'armure, de trouver un terrain plus stable. 
Et maintenant toute cette souffrance, j'en fais quoi ?

Et l'autre vit sa meilleure vie.
Et moi, je suis remplie de colère et de souffrance.

Et même si cette souffrance est totalement silencieuse, je sais, au fond de moi qu'elle est légitime. Même si, même ça je n'ose pas me l'avouer tout haut.
J'en suis là, en partie, parce que j'ai gardé le silence. J'ai caché tout ça, pour ne blesser personne, pour ne pas faire de bruit, sans savoir que c'est à moi que je faisais le plus de mal. 
Et même quand j'ai osé parler, un peu, j'ai minimisé les actes : y a pire ... 
Pour ne pas prendre conscience de l'ampleur du désastre, pour ne pas toucher du doigt le mal qui sommeillait et risquer de le réveiller.

Aujourd'hui la colère, et la souffrance. Toujours. 
Après deux ans de psychothérapie, j'ai besoin que ça s'arrête.
Début de séance d'EMDR [Intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires / psychothérapie par mouvement oculaires qui cible les mémoires traumatiques des individus ]
Ouvrir les barrières. Enlever l'armure. Bâtir des fondations solides. 
Peut-être, enfin.
J'ai encore un peu de temps devant moi pour vivre, moi aussi, ma meilleure vie.

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